De Victoria à Prince George - 28 au 30 octobre


Une fois de plus, il faut repartir. Cette fois ci vers notre dernière étape du Canada : Prince George où l'on va vivre pour le mois de novembre. D'abord il nous faut quitter l’ile Vancouver. On se poste à la sortie de Victoria, derrière nos lunettes de soleil. On attend… Une femme mystérieuse avance doucement vers nous, elle nous donne à chacun un trèfle à quatre feuilles avant d'aussitôt repartir. Quelques dizaines de minutes plus tard une voiture avec un canoé en guise couvre-chef s'arrête. On fait la rencontre de Nova. Adepte de plongée sous-marine, elle peut nous déposer à Nanaimo afin qu’on y prenne le ferry. Mais elle nous propose de faire un petit détour sauvage Elle nous emmène dans un petit village au bord de mer. On sort de la voiture et marche en direction du petit port. Une très forte odeur de bulot se fait ressentir, on entend des cris étranges... Sur le ponton du port, à quelques mètres, une centaine de lion de mer se reposent sur les quais. Pendant que les uns font la sieste, les autres se disputent le peu de place. Un petit groupe d'exilés flottent dans l'eau, la nageoire en l'air. De temps en temps, un lion de mer se fait expulser du quai et vient nager près de nous et des dizaines d'observateurs. Nova nous dépose à Nanaimo. Une heure plus tard, on est en mer, direction Horseshoe Bay, Vancouver nord.

Ca se repose.
C'est plus drole avec le son.

Sur le bateau

Arrivés sur le continent, on n’a pas de temps à perdre. Il va bientôt faire sombre. On se glisse entre les gens honnêtes pour trouver un spot sur la route 99 au plus vite. Cette nouvelle route longe la côte vers le nord avant de rejoindre la route 97 qui monte vers Prince George à 300km. Le premier spot est bon, mais ça pogne pas. L’autre spot est mieux, surélevé, face à la baie Horseshoe, on observe la fin de la journée. La route qu'on a choisie est uniquement alimentée par les ferrys qui accostent toutes les demi-heures. Ainsi, on devine le passage des voitures en observant la navigation. On partage une cigarette d'herbe roulée dans un papier parfumé en assistant au balai des bateaux éclairés sur cette mer noire, encerclée d’iles.

De jour.

La nuit arrive doucement...

... et on persiste.


Malgré l’obscurité, hors de question de planter la tente. Il n’est que 17 heures, et même si on se dit que l’on a peu de chance de trouver un ride ce soir, notre énergie est maintenue par l’adrénaline d’être de nouveau sur la route. On attend sous un lampadaire, surexcités, on écoute la radio française. Il y a très peu de voitures. Et on les entend arrive de loin. Anton allume sa lampe frontale et les phares se rapprochent, jusqu’à ce que l’on se rencontre que l’on a affaire a un taxi. Plusieurs fois. 



Encore, un taxi passe devant nous. On lui fait un signe on détend le bras. Le taxi s'arrête un peu plus loin, fait demi-tour et repasse devant nous, retourne vers le port. L’homme sur la banquette arrière entrouvre sa fenêtre, place ses mains en entonnoir autour de sa bouche et nous crie quelque chose que je ne comprends pas. Anton entend « I will be back », mais ça n’a vraiment aucun sens un taxi qui fait demi-tour.  Pourtant, un quart d'heure plus tard, c’est le même jeune homme qui revient dans un pick-up noir. Il s'appelle Ryan et peut nous avancer jusqu'à la prochaine ville, Whistler, qui est une station de ski réputée. Il était garé à gauche de la chaussée sur la route, mais le taxi a refusé de tourner à gauche vers le parking ou il était garé car la ligne au milieu de la route était ininterrompue. C’est pour cela qu’il a fait demi-tour devant nous.

Dans la voiture, il nous offre quelques bières qu’il lui reste de sa soirée de la veille et nous demande si on a faim. Notre diner a consisté à ingurgiter un bon 200g de beurre de cacahuètes au couteau sur le bord de la route. Ryan est de ceux qui aident sans attendre en retour. Il s'arrête à un Tim Horton pour nous offrir une délicieuse soupe au Chili servie avec un bout de pain moelleux et du beurre salé. Il est amusé par notre voyage, et avoue que le fait que l’on ait des lampes frontales sur la tête l’a incité à s’arrêter.

Arrivés à Wisthler, Ryan nous amène chez lui, pose un tas de vestes neuves sur le sol et nous conseille vivement d'en prendre une pour notre voyage vers le nord. On refuse d’abord, puis il nous dit qu’il les a eues gratuitement et qu’il ne compte pas les utiliser. Anton choisit une légère parka kaki pendant que j'opte pour un k-way noir. Ryan est cameraman, et il nous montre les vidéos qu’il a prises. On s’amuse avec son sabre laser. Il nous explique que ce soir, sa copine doit le rejoindre pour une belle nuit avant de partir au Pérou pour son boulot de cameraman. Gênée, il nous propose de planter la tente dans le jardin du voisin et nous donne rendez-vous demain matin pour le café et la visite de la ville. On lui fait comprendre que c’est parfait pour nous et on le remercie pour tout ce qu’il a fait. 

Le lendemain, Ryan nous prépare un bol de porridge accompagné de fruits rouges, plus un café crémeux. Le temps est clair, il nous conduit en ville et on découvre les montagnes enneigées. On marche pendant une bonne heure dans la ville olympique, entièrement bâtie pour accueillir des milliers de touristes, cependant calme en cette fin du mois d’octobre. On se dit chaleureusement au revoir. 


Nos hotes.

Un bon petit dejeuner.

Visite de Whistler

On achète de quoi survivre deux, trois jours avant de se poster sur la route 99. Une Ford old school s'arrête. Bleu brillant sur le capot, métal rouillé à l'intérieur, j'en arrache presque le siège avant en voulant m’asseoir la banquette arrière. On s'embarque pour un petit  7 kilomètres. 

Notre conducteur
Les montagnes



 Ensuite, un type qui revenait juste de Singapour nous dépose à la sortie de la prochaine ville, Pemberton. On se positionne au niveau d'un panneau qui indique « Pas de station-service pendant 100km ». Sans avoir eu le temps de s'ennuyer, un magnifique van bleu et blanc se présente devant nous. Le jeune chauffeur d'un regard évident s'arrête. Anton s'assoit à l'avant pendant que je me pose sur le grand lit à l'arrière. La route est grandiose : lacs, falaises, rivières, fleuves. Austen traverse les montagnes jusqu’à la jonction avec la route 97. 




Le van de ses reves.

Il est tôt mais la nuit commence déjà à tomber. Il nous faut un endroit où dormir. On n’a pas l’embarras du choix, on enjambe les barbelés d'un ancien champ de vache recouvert de feuilles mortes jaune pour planter la tante. On s'endort dans la nuit froide à l'affut des bruits des animaux sauvages. Au réveil, la tente est gelée et malgré nos deux paires de chaussettes, nos orteils sont glacés. On gobe quelques barres de céréales sur le bord de la route pendant que le soleil nous réchauffe petit à petit. Il fait -10 degrés ce matin. Une étudiante chinoise et ses parents s'arrêtent. On se sert sur la banquette arrière, les sacs sur les genoux, à côté du pauvre père entassé contre la porte qui ne parle pas un mot d’anglais. On les accompagne sur une petite distance avant de s'arrêter sur une intersection. Un pick-up noir vient à notre rencontre.  Ron,  belle moustache, s'apprête à faire les 430 kilomètres vers le nord qui mènent à Prince George. On s'installe dans le bolide et on fonce dans des paysages dignes de western : landes jaunes, rivières à or on peut meme apercevoirs quelle-que coyote. D’ailleurs, Ron a été chercheur d’or, mais comme la plupart des gens qui s’y lancent, il était plus proche de mourir de fin que de trouver fortune. Sinon, il a travaillé dans le bâtiment toute sa vie, et quand son âge ne lui a plus permis d’avoir un travail aussi physique, il a repris ses études pour travailler dans les bureaux, toujours dans la construction. Il vient de Calgary mais habite à Prince George qu’il ne quitte presque jamais, seulement pour des raisons professionnelles.  Pourtant, il dit que l’on va être déçus quand on va découvrir la ville. 

 Presque arrives.

Arenes de rodeo a Williams Lake.

Arrivé à Prince George, on tourne dans la ville avant de se poser au Tim Horton. L’ambiance a changé,  ça traine un peu partout dans la ville et dans le Tim, il faut demander au staff pour accéder aux toilettes, et on voit un signe : « ne pas s’attarder, 20 minutes maximum ». Je prends un café et Anton un chocolat chaud. On patiente quelques heures pour attendre que nos hôtes viennent nous chercher. Le Tim se vide petit à petit, il ne reste presque plus que nous. Un homme pousse la porte d'entrée, un vrai cowboy, le chapeau large, les bottes en cuir, une démarche de cavalier. C’est Lenard Sanders qui va nous emmener dans la foret où nous allons passer le mois de novembre. 

A Prince George




Commentaires

  1. Merci pour ces nouvelles avant le "repos" chez le cow boy .
    La vie va être belle chez lui d'après maman ...
    Tant mieux ! Il faut savoir se ressourcer de temps en temps pour continuer la route .
    Merci pour le petit message "off" .
    Gros bisous à tous les 2

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  2. Coucou, on s'y croirait, c'est super de partager vos émotions...avec touts ces instants magiques on voyage par procuration. Super photos également. Et puis comme j'ai un peu d'avance sur votre aventure ( privilège de la Maman), je sais que la route vous appelle à nouveau pour le voyage dans le sens inverse. Nul doute que vous avez de belles aventures à venir. Prévoyez des chaufrettes pour les orteils, car gelés ils peuvent se casser. Ce serait dommage. Bisous

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    1. Nous avons savouré petit à petit la narration de cette épisode pleine de poésie, de rencontres amicales et étonnantes comme la dame aux trèfles à 4 feuilles qui semblait vous conduire vers un chemin enchanté et heureux.
      Bientôt va se terminer la période canadienne que vous aurez du mal à quitter.Nous espérons que vous trouverez un toit et la chaleur d'un foyer pour les fêtes de Noël car les grands froids arrivent. Bisous à vous et à bientôt pour la suite de la route de l'Amérique .

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